Historique

Paul Gérin-Lajoie
 
 
 
 
 
 
Avocat, fonctionnaire, gestionnaire et philanthrope québécois, Paul Gérin-Lajoie fut également un homme politique, ayant notamment été le premier titulaire du Ministère de l’Éducation sous le gouvernement de Jean Lesage.
 
 
 
 
L'école Paul-Gérin-Lajoie-d'Outremont fait partie d'un secteur d'une valeur patrimoniale exceptionnelle.


Le chemin de la Côte-Sainte-Catherine existe depuis 1709. Au milieu du XIXe siècle, Outremont était un village entouré de fermes, de jardins et de vergers. La plupart des terres étaient britanniques, mais la plus grande ferme appartenait à la famille Beaubien. Le terrain où est située l'école était une terre agricole.
 
En 1879, le chemin Bloomfield est déjà tracé. Son nom évoque les champs en fleurs, probablement plantés de pommiers. À la fin du XIXe siècle, les Clercs de Saint-Viateur (congrégation cléricale de droit pontifical) s'installent à Joliette puis dans le Mile-End et, enfin, à Outremont afin d'oeuvrer dans l'enseignement.


Les Clercs achètent alors de nombreuses terres à Outremont et divisent leur propriété en lots à bâtir qui seront vendus entre 1889 et 1907. En 1902, ils fondent la paroisse Saint-Viateur et, aujourd'hui, les rues Saint-Viateur, Saint-Just, Querbes, Champagneur, Bernard, de l'Épée et Lajoie rappellent leur présence.
 
Clercs St-Viateur

 

En 1951-1952, les Clercs font construire l'externat classique Saint-Viateur (actuellement l'école PGLO). L'architecte choisi sera Jean Marie Lafleur (1902-1985), diplômé de l'École des Beaux-Arts de Montréal. Il sera chargé d'agrandir l'école en 1955, 1958, 1959 (bibliothèque), et en 1961. Jean-Marie Lafleur fut un architecte prolifique, auteur de nombreux édifices publics, églises et écoles à Montréal et dans sa région, notamment à Salaberry-de-Valleyfield, où son agence était installée.

 
 
Dans les années 1950, Jean-Marie Lafleur sera partisan d'une architecture moderne influencée par la célèbre École du Bauhaus, fondée en 1919 à Weimar (Allemagne) et fermée par les Nazis en 1933. 
 
L'école, construite sur deux étages, possède les principales caractéristiques de l'architecture moderne très en vogue dans l'Amérique du Nord d'après-guerre : une construction légère, des volumes qui correspondent aux usages, une disposition des classes qui favorise l'éclairage naturel, de longs bandeaux de fenêtres qui soulignent l'horizontalité de l'ensemble. La brique orangée et la pierre lisse étant des matériaux régionaux.


Au milieu des années 1970, l'externat classique Saint-Viateur devient l'école Paul-Gérin-Lajoie, en l'honneur de l'ancien ministre de l'éducation. En 1992, Outremont compte sur son territoire deux écoles secondaires francophones : l'école Outremont, appartenant à la CSPGM (Commission scolaire protestante du Grand Montréal) et l'école Paul-Gérin-Lajoie, relevant de la Commission scolaire Sainte-Croix.


La création des commissions scolaires linguistiques, en 1998, a pour conséquences de modifier le découpage du territoire scolaire et de réunir les écoles francophones d'un même secteur, au sein d'une même commission scolaire. Ainsi, les écoles Outremont et Paul-Gérin-Lajoie joignent les rangs de la CSMB (commission scolaire Marguerite-Bourgeoys), l'une des trois commissions scolaires francophones de l'île de Montréal.
 

La fusion de ces deux écoles francophones d'Outremont, puisant au même bassin d'élèves, est rapidement décidée. De très longues discussions ont cours avant que l'acte d'établissement de l'école Paul-Gérin-Lajoie-d'Outremont soit approuvé en juillet 2001. Il va sans dire que cette fusion a des répercussions sur la vie scolaire : fusion des clientèles, fusion des personnels, mais aussi ajustements nombreux aux plans pédagogiques et administratifs.

 

 

Toutefois, parmi les heureuses conséquences de cette fusion, on compte l'élaboration d'un projet éducatif original, largement inspiré des projets respectifs des deux écoles d'origine et enrichi par le fait même. Plus que jamais, les arts ont occupé une place importante dans le parcours scolaire des élèves; à partir de ce jour, arts plastiques, musique et art dramatique ont été offerts à tous les élèves, à tous les niveaux.

L’ENTRÉE PRINCIPALE



L'école Paul-Gérin-Lajoie-d'Outremont possède une oeuvre d'art répertoriée par l'organisme Art déco Montréal. Un secret bien gardé : la ville de Montréal se classe au « top 10 » mondial pour la qualité de son patrimoine art déco. Apparu à Paris en 1925, le style art déco se déploie en Europe et en Amérique jusqu'au milieu des années 1950. En réaction à « l'art nouveau » du début siècle qui reprend les formes complexes de la nature, « l'art déco » adopte des formes épurées et géométriques, des lignes droites, courbes ou à angle droit. C'est l'époque de la construction des gratte-ciel, que l'on pense au Chrysler Building à New York, au pavillon principal de l'Université de Montréal ou à Tamara de Lempicka en peinture.
   
L'influence de l'art déco se répand jusque dans le hall d'entrée de l'école, où l'on trouve une grande murale exécutée par le père Jean-René Goulet, c.s.v. (1913-1990), professeur notamment de dessin à l'école de 1953 à 1966. En 1954, de retour d'un séjour de trois mois en Europe, l'artiste débute son oeuvre.
 
Véritable célébration du passé évoqué par les arts de l'Antiquité gréco-romaine, hymne au présent (de l'époque) représenté par l'éducation chrétienne et philosophique, préfiguration du futur annoncé par les sciences, la murale de l'école PGLO illustre bel et bien la volonté de vaincre l'ignorance.

Panneau latéral Gauche

Arts : un gratte-ciel représente l'architecture; une palette et des pinceaux illustrent la peinture; une clé, une gamme et des notes pour la musique.

Lettres : une femme écrit installée à un pupitre orné de motifs grecs, de colonnes et de vases. Au-dessus d'elle plane un génie translucide, à ses pieds se trouvent la Louve de Rome allaitant Romulus et Rémus (littérature latine), des livres, des volumes et des masques de la comédie et la tragédie (théâtre).

 

Panneau central

Caritate Sapientia Vincere : on voit l'écusson et la devise de l'école. Saint Viateur, dans un faisceau lumineux, est entouré d'un collégien tenant un diplôme et d'un écolier (ou une écolière) tenant un livre.

Religion : un soldat chrétien placé devant une croix combat des dragons. Il est armé d'un glaive et d'un bouclier orné du mot latin FIDE (par la foi). Il est entouré de sapins, de feuilles d'érable et d'une petite église rurale, le ciel est troublé par des éclairs.

Philosophie : une femme siégeant sur un trône, les pieds posés sur le globe, tient un grand livre ouvert et pointe une page de son index. On distingue un oeil derrière sa tête et, de chaque côté de son dossier, l'alpha et l'oméga (première et dernière lettre de l'alphabet grec).

 

Panneau latéral droit

Sciences : une femme tenant des volumes et un compas, est entourée du dieu des vents grec, Éole, soufflant sur la mer, du système solaire, d'une boussole, d'avions, d'un bateau et d'objets et symboles associés aux mathématiques, à la physique, à l'astrophysique et à la chimie.

Sports : une flamme rappelle les jeux olympiques. On y trouve pêle-mêle : jeux de balle, ballon, tennis, natation, hockey et on peut distinguer des parties du corps humain (oeil, bras, torse) ainsi que le pied ailé de Mercure, le messager des dieux romains.

 

L’ARRONDISSEMENT D’OUTREMONT

 
Encore aujourd'hui, l'arrondissement d'Outremont possède un profil sociodémographique et économique bien particulier. Environ 25 000 habitants peuplent à peine 4 km². La moitié des logements sont occupés par des propriétaires à l'aise qui ont accès à une véritable forêt urbaine en pleine santé, épargnée par les fils électriques. La population francophone plafonne à 70 %, et la communauté juive hassidique est celle qui augmente le plus au cours des dernières années.

À partir de 1694, quelques familles de colons francophones cultivent les terres de la côte Sainte-Catherine : ce sont les Tessier, les Gervais et les Prud'homme. Ce petit hameau tranquille est déjà à part de Ville Marie, beaucoup plus animée.

Après la conquête (1760), de nombreux terrains sont achetés par des citoyens britanniques fortunés, tel John Gray, président de la banque de Montréal. La plupart de ces anglophones sont passionnés d'horticulture. On doit à ces nouveaux venus l'aménagement du cimetière Mont-Royal et l'apparition de jardins, de parcs et de superbes propriétés, dont la plupart existent encore.


Ces nouveaux résidents s'y connaissent aussi en agriculture. Ils expérimentent les sols, comme Lorne MacDougall, cultivent des vergers, des melons et des fleurs de toutes sortes. De son côté, le député francophone Louis Beaubien élève des chevaux sur la terre paternelle. Le village d'Outremont, dans la pente de la montagne, possède trois auberges qui attirent les promeneurs par leur charme. En 1825, la population anglophone est d'environ 60 %.


Les premiers règlements pour planter et protéger les arbres datent de 1879. Ils sont influencés par des  mouvements britanniques et américains d'avant-garde. Ces préceptes ont été suivis avec rigueur et au fil du temps, les arbres les plus résistants se sont multipliés harmonieusement presque partout.


Des travaux publics importants (eau, gaz, électricité) sont gérés par des particuliers imaginatifs. La rue Craig est desservie quotidiennement par une diligence. On emprunte des trottoirs de bois pour aller chercher le courrier jusqu'à Côte-des-Neiges, et, en 1893, des « chars électriques » aux allures de tramways circulent dans les avenues.

La municipalité de la Ville d'Outremont est créée en 1895.


Chantal Turbide, OPP

Martine Crozat, enseignante de latin


Sources : « Outremont 1875-2000 »
Société d'histoire d'Outremont - Bibliothèque H. Bourassa, 2008

Site : Ville de Montréal, arrondissement d'Outremont – histoire